L’Angleterre a été rattachée plusieurs fois au Continent, dans les temps anciens, par un isthme et, pour la dernière fois, il y a 10.000 ans. Le premier document sérieux établissant une telle jonction est l’œuvre d’un géologue et physicien, Nicolas Desmarets, qui présente un mémoire, dans le cadre d’un concours relatif à l’étude des moyens pour faciliter la communication entre la France et l’Angleterre. Ce mémoire contient de nombreuses observations et un argumentaire montrant la similitude de formations géologiques de part et d’autre du détroit. Par érosion marine, cet isthme a disparu pour faire place au détroit du Pas-de-Calais, large de 32 kilomètres et dont la profondeur ne dépasse guère 45 mètres avec présence de bancs de sable (fort utilisés par différents concepteurs de projets).
Plus d’une centaine de projets ont été proposés par des ingénieurs, architectes et même des utopistes.
Le premier projet d’un lien fixe Transmanche, digne d’intérêt, remonte à 1802. Il est l’œuvre d’un ingénieur des mines français, Albert Mathieu, qui, profitant du Traité de Paix franco-britannique d’Amiens, propose un tunnel foré creusé dans la craie, composé de deux galeries superposées : celle du dessus constituée par une route pavée où, à la lueur des torches à huile, circulent les malles-poste et celle du dessous pour l’écoulement des eaux d’infiltrations. L’aération est assurée par des cheminées qui s’élèvent, à intervalles réguliers, à l’air libre.
Il fait passer le tunnel par le banc de Varnes, banc de sable, sur lequel il prévoit de construire une île artificielle pour une création d’une ville internationale et d’un port. La durée de la traversée prévue est de 5 heures. Français et Britanniques approuvent ce projet. Malheureusement, le Traité d’Amiens fut rapidement dénoncé par les Britanniques, enterrant du même coup le projet de malles-poste.
Les adversaires Britanniques de ce projet en profitent pour éditer une gravure représentant les divers modes de transport par air, mer et sous-marin pour envahir l’Angleterre. La menace d’une invasion militaire va constituer l’obstacle majeur à tous les projets à venir.
En 1803, l’ingénieur anglais Henri Mottray propose un tunnel immergé en acier, composé de tronçons reliés entre eux, reposant sur le fond de la mer dans une tranchée couverte.
A partir de 1830, date marquant le début des trains à vapeur, les projets seront de plus en plus axés sur des solutions ferroviaires.